Zoomer sur l’agriculture biologique et les produits qu’elle offre au consommateur permet de mettre en avant les bienfaits de cette technique, amie de la nature, sur la santé. Cela s’inscrit aussi dans la lignée des choix internationaux pour une alimentation saine et une utilisation judicieuse des produits destinés au contact avec le corps humain.
En Tunisie, l’agriculture biologique avance à pas sûrs, en dépit d’une information et d’une sensibilisation en deçà des objectifs requis et en l’absence d’une unité de vente de référence, à même de regrouper les producteurs sous une coupole unique. Cela dit, les responsables des événements d’expositions-ventes tiennent, pour la plupart d’entre eux, à donner une visibilité plus accrue des produits bio. Aussi, le Salon international de l’agriculture bio et de l’agroalimentaire «Bio Expo», organisé du 25 au 27 avril, au siège de l’Utica, a-t-il été une initiative qui donne un avant-goût des perspectives d’un sous-secteur sélectif, qualitatif et certifié sain.
Jeudi, à midi, des ballons verts ont été montés en arc à l’entrée de l’espace des expositions de l’Utica pour donner le coup d’envoi de l’événement. La culture bio, et tout ce qui en dérive, rappelle, en quelque sorte, l’impact salutaire de la nature-mère sur l’humain. Du hall à l’immense salle de l’exposition, la manifestation a drainé un nombre important de participants, présentant un large éventail de produits, dont certains sont qualifiés simplement de «naturels» alors que d’autres détiennent la certification «bio».
Pas à pas vers la certification
Des stands, regroupant plusieurs participants, représentent des délégations régionales de développement agricole et autres groupements professionnels dont celui du secteur de l’agriculture et de la pêche maritime «Kettanette», à Béja. Il compte une quinzaine de femmes rurales et agricoles qui croient en leur mérite et aspirent à renforcer leur autonomie et leur contribution au développement de leur localité. «La genèse de notre activité professionnelle remonte à 2014. Nous étions au départ six femmes agricultrices. Nous avions été encouragées à la pisciculture dans le barrage de Sidi Barraq. Puis nous avons bénéficié d’une formation sur l’agriculture biologique, ce qui nous a permis de mettre le pied à l’étrier et de travailler dans ce domaine. En 2023, nous avons créé le Groupement, soutenues que nous sommes par Cawtar et Ballade solidaire», indique Hanene Louayfiya, présidente du Groupement. Les quinze femmes agricultrices, actives dans le groupement, n’utilisent que les matières premières qu’elles produisent, elles-mêmes, dans leurs fermes respectives.
En effet, le stand regorge de produits alimentaires purement naturels dans l’attente, éventuellement, d’analyses susceptibles de confirmer ou d’infirmer la qualité bio. «Nous allons miser, désormais, sur la traçabilité et le packaging pour mettre en valeur nos produits et s’inscrire, comme il se doit, dans le concept bio. Cela dit, ajoute-t-elle, tous les produits que nous proposons, notamment la harissa, les confitures, les pâtes traditionnelles, sont préparés à partir d’ingrédients qui n’ont pas été traités aux pesticides».
Seuls 30% des consommateurs y adhèrent
Faisant le tour des pavillons, on s’arrête devant le stand de Imed Rouis, agriculteur de Sousse, qui a eu l’intelligence, dès 2009, de parier sur le bio, et ce, pour deux bonnes raisons : d’abord, pour une rentabilité plus significative, puisque les produits bio sont plus chers que ceux conventionnels. D’autant plus qu’ils sont de qualité nettement meilleure. «La demande reste tout de même assez timide, et ce, en raison du manque d’information et de sensibilisation sur les bienfaits des produits bio. Néanmoins, les consommateurs avisés, soit 30% des consommateurs tunisiens, s’y adonnent, confiants et convaincus. Je me souviens de mes premières participations aux foires et aux expositions-ventes. Il n’y avait quasiment personne», se remémore-t-il.
Le stand de Imed compte plusieurs échantillons de graines certifiées bio : des graines d’orge, de corète, de navet, de pomme de terre, de gombos, de pastèque, de melon et bien d’autres encore. «Certains clients disposent de jardins ou de petits espaces verts qu’ils investissent dans la culture bio pour leur propre compte», précise-t-il.
Place à une commercialisation permanente
La délégation régionale du développement agricole de l’Ariana a consacré son stand pour mettre en exergue le travail de certaines fermes de la région de Sidi Thabet dont la Ferme thérapeutique pour handicapés «Ghaya». Il s’agit d’une association qui a été créée en 2007. Elle y participe, en proposant des distillations florales, ainsi que des coffrets d’huile d’olive bio. «Nous avons l’habitude de prendre part aux événements similaires pour faire connaître notre savoir-faire et nos produits. Certes, beaucoup de visiteurs s’intéressent aux produits biologiques. Cependant, ce qui manque réellement à ce domaine, à mon humble avis, c’est une commercialisation permanente car structurée. Il serait utile d’implanter des points de ventes spécialisés et pourquoi pas des marchés bio, où se rassembleraient les producteurs bio, sous une même coupole», suggère-t-elle.
Autre ferme spécialisée dans la culture biologique à Sidi Thabet : la Ferme du citronnier. Comme son nom l’indique, elle est spécialisée dans la production du citron bio, mais aussi dans les produits y référant comme les citronnades et l’hydrolat de citron. Elle produit, également, des eaux parfumées et certifiées bio dont l’eau de rose, de géranium ou encore de romarin.
L’huile de grenade en complément alimentaire
Il est clair que les produits agricoles et agroalimentaires biologiques ne nécessitent souvent que respect infaillible de la loi de la nature et de ne pas se hasarder à utiliser les pesticides pour quintupler la récolte. Mais dans bien des cas, ils exigent plus, voire un travail de recherche et de patience. Arij Harzallah, docteur en biologie, participe au salon via un stand, entièrement consacré à un complément alimentaire qu’elle a inventé, suite à ses recherches sur l’huile de grenade. «Les vertus de l’huile de grenade sur la santé sont indéniables. Le complément alimentaire que je propose sous forme de gélules est un concentré en huile de grenade, laquelle agit sur l’organisme comme un antioxydant, un anti-inflammatoire et un allié santé cardiovasculaire. D’autant plus que, explique-t-elle, cette huile contribue à la prévention du diabète via des cures de deux mois, à renouveler conformément à la prescription du médecin traitant».